De championne à rien

CSA | 7 septembre 2017

Source : Le Cahier, 5 septembre 2017, Geneviève Asselin-Demers

De championne à rien

En lisant ce texte, vous vous dites probablement ; oufff elle doit être sur le bord de la déprime, doit tourner en rond en se demandant quel défi elle pourrait relever…. Et bien voilà, le défi d’être heureuse prend tout son sens. J’ai fait des pieds et des mains durant des années, à gagner des compétitions régionales et nationales à l’Université, à faire partie de l’élite en canot à glace, à gagner des « coursettes » de vélo de montagne pour enfin terminer cette course effrénée en gagnant le marathon de Montréal en 2015…

La suite se gâte… blessure, surmenage. Je pensais tellement qu’en remportant toutes ces victoires, mon estime allait grandir et que je deviendrais plus forte, plus sage, à l’abri du jugement des autres et que la fierté me sortirait par les oreilles. Et bien je m’étais trompée. Ce n’est pas par des victoires et des podiums que nous gagnons de l’estime de soi, mais par des petits gestes au quotidien. Avec du recul, je suis fière de tous ces accomplissements, car ça fait la fille que je suis aujourd’hui : forte, qui sait ce qu’elle vaut et ce qu’elle est en mesure de faire pour relever les défis que la vie lui apporte, sans avoir besoin de s’en créer d’autres. Je suis fière d’être dans les tops marathoniennes au Québec/Canada, mais je suis encore plus fière de transmettre ma passion, d’aller jogger pour le plaisir avec des ami(e)s et leur donner des conseils, de les encourager à poursuivre malgré leur envie d’abandonner. La course, ce n’est pas facile, c’est mental et je l’ai toujours dit : je ne suis surement pas la plus rapide, mais j’ai surement le meilleur mental.

Deux ans se sont écoulés depuis ma victoire au marathon, j’ai grandi, j’ai appris à m’aimer beaucoup plus durant ces deux années que le sentiment de fierté qui m’a habitée pendant une semaine après ma victoire parce que j’avais de si beaux messages dans ma boîte Facebook. S’aimer, ce n’est pas le résultat des compliments reçus, mais plutôt par comment nous nous percevons et non pas par comment les autres nous perçoivent. Regardez-vous d’un nouvel œil, celui de spectateur, soyez fiers de vos petites réalisations comme de vos plus grandes. Il n’y a personne de parfait, permettez-vous de bifurquer une fois de temps en temps : un petit oubli, le ménage pas fait, la vaisselle qui traine, sauter un entraînement… Souriez plus, appréciez de vivre le moment et non pas d’anticiper un autre défi ou de craindre qu’on n’y arrivera pas, un pas à la fois et vous allez voir qu’on peut aller très loin. J’ai souvent eu tendance à vivre dans le futur sans même réaliser que je vivais de si beaux moments. Tout le chemin que tu prends pour atteindre tes buts fait aussi partie du défi, savoure chaque moment, partage, apprends, grandis, tu en sortiras gagnant. Tu auras des déceptions, des découragements, des moments de faiblesse : mais ne t’inquiète pas, même les plus grands athlètes en ont eux aussi.

La vie m’a appris que malgré nos réussites, ce sont nos victoires personnelles qui comptent le plus, alors fixez-vous des objectifs atteignables et réalisez vos rêves, peu importe la distance, le parcours, le temps ou le niveau de difficulté. Lorsqu’on passe l’arche ou que l’on réalise un exploit, personne ne peut nous enlever ce sentiment de fierté. Gardez-le, mémorisez-le et souvenez-vous en les jours où votre soleil est caché par tous ces nuages!

Alors oui, pour tous ceux qui me demandent : c’est pour quand ta prochaine course, tu fais quoi maintenant, tu es rendue où dans ton cheminement?… Et bien je leur réponds haut et fort : je suis rendue à m’occuper de moi, je n’ai rien de dessiner, ni de plan d’entrainement fixe et rigide, je sais que je vais m’entraîner toute ma vie, pour réaliser d’autres exploits surement, mais qui sait dans quel domaine. Je vis un jour à la fois, je m’entoure de gens déterminés, je partage mes connaissances et je fonce tête baissée à accepter ce que la vie me réserve!


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